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Histoire du drapeau français

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Bannière de France (1147)
Bannière de France (13XX-1XXX)

La première bannière française connue est celle du roi Louis VII partant pour la croisade de 1147 : à l’image des vêtements de sacre elle était bleue semée de fleurs de lis d’or, pour signifier que le monde des élus (la Jérusalem céleste) lui venait en aide. Charles V (1364-1380) réduisit les fleurs de lis à trois en l’honneur de la Sainte Trinité. Cette bannière de France figura encore aux obsèques de Louis XVIII (1824).

Pavillon de la marine de guerre (16XX)
Type de pavillon de la marine marchande

Dès le début du XIVe siècle le blanc fut la couleur des Français, tout particulièrement sur leur croix d’habit en opposition à la croix rouge des Anglais (vers 1350). L’étendard du " Roi du Ciel " voulu par Jeanne d’Arc avait un champ blanc (1429), et une croix blanche apparut dans le ciel lors de l’entrée des troupes de Dunois à Bayonne en 1451. Le pennon fleurdelisé suivant le roi dans l’armée en marche et au combat fut remplacé par la cornette blanche dès 1495, et ce signe d’autorité est encore signalé sous Louis XIII (1620). La croix blanche perdura dans les drapeaux de l’infanterie française dès le XVIe siècle et dans les pavillons de la marine marchande.

Pavillon du Roi (1643-1790 ; 1814-1830)
Type de pavillon de la marine marchande
Pavillon de guerre (1661) Pavillon de la marine marchande (1765)

L’abolition de l’amirauté de France (1627) renforça une récente coutume indiquant l’autorité directe du roi sur la marine de guerre par le pavillon blanc. En 1643, l’étendard royal à la mer était blanc parsemé de lis d’or avec au centre les armes de France supportées par deux angelots. L’ordonnance du 9 octobre 1661 officialisa le pavillon blanc plain pour les bâtiments de guerre. Un peu plus tard, en 1689, une nouvelle ordonnance définissait pour la marine royale de commerce, un pavillon bleu frappé d’une croix blanche, chargée des armes de France (parfois omises). .Le pavillon immaculé du roi et de l’État fut autorisé pour la Compagnie des Indes dès 1739 et finalement accordé à la marine marchande qui arborait des pavillons bleu et blanc de types différents. Une ordonnance de Louis XV ( 25 mars 1765) décida cette uniformisation. Pour le monde entier la France était le blanc, et ce pavillon de marine ne se voyait qu’à l’entrée des ports français, et devant les maisons des consuls à l’étranger (Levant, Chine, etc.).

Couleurs révolutionnaires 1789 (sans ordre défini)
Pavillon de la marine de guerre (1790)

Le 13 juillet 1789, les insurgés parisiens, dont la garde de la ville, arborèrent la cocarde avec des rubans bleu et rouge, couleurs de Paris, et quand on sut que le roi venait rendre visite à la capitale on fabriqua une cocarde avec un ruban blanc supplémentaire. Cette nouvelle cocarde aux " couleurs de la Liberté " fut donnée par le maire Bailly à Louis XVI le 17. Elle fut officialisée par Lafayette pour la Garde nationale, le 31 et le 2 août, le roi ratifia. Elle fut officiellement adoptée, sans ordre défini, le 4 octobre 1789. On vit à la fête de la Fédération du 14 juillet 1790 des flammes blanc, rouge, bleu, puis on utilisa dans les cérémonies la séquence plus harmonieuse du bleu, blanc, rouge.

Pavillon national (1794) Drapeau national de facto

Pour arrêter le mécontentement des marins, une loi du 31 octobre 1790 créa un pavillon de poupe blanc orné d’un canton avec la composition du pavillon de beaupré : bandes verticales rouge, blanc, bleu, ensemble liseré de blanc et avec une mince bordure divisée verticalement en deux parties, bleu à la drisse, et rouge.

La Royauté fut abolie le 21 septembre 1792 et la République proclamée le lendemain. Mécontents d’un pavillon trop blanc, les marins obtinrent de la Convention nationale le 27 pluviôse an 2 (15 février 1794) un pavillon aux bandes bleu (à la drisse), blanc, rouge. Ce fut l’acte de naissance du pavillon national actuel, révolutionnaire par ses bandes verticales. Il sera arboré sur tous les vaisseaux le 1er jour de prairial (20 mai 1794). Il passa à terre pour remplacer les flammes tricolores sur les bâtiments publics, et on le vit sur les Tuileries lors de l’installation du Premier Consul le 19 février 1801.
A terre, les régiments eurent des drapeaux et des étendards souvent bien éloignés du pavillon tricolore, avec toutes les formes géométriques possibles, et en particulier en 1804 un carré blanc encadré aux coins par des triangles bleus et rouges opposés. En 1812 cependant, les trois bandes verticales devinrent également officielles pour les drapeaux carrés militaires .

Pavillon national (1814)
Drapeau national Cent-Jours (1815)
Pavillon national (1815-1830)

Le roi revenant en 1814, la cocarde blanche se répandit et un arrêté du gouvernement provisoire (13 avril) décida que le pavillon blanc et la cocarde blanche seraient arborés sur les navires de guerre et de commerce. Rien d’autre ne fut décidé. Le pavillon blanc devint donc le drapeau blanc à terre jusqu’au retour de Napoléon Ier en 1815 (ce furent les Cent Jours où le drapeau tricolore fut arboré dès le décret impérial du 9 mars), mais lors du retour de Louis XVIII à Paris le blanc redevint légal (7 juillet).

Drapeau national
Pavillon national (1830)

Après la Révolution de juillet (les Trois Glorieuses), Louis-Philippe duc d’Orléans, lieutenant-général du royaume, rétablit le drapeau tricolore par ordonnance du 1er août 1830, et devint Louis-Philippe Ier roi des Français. Sous son règne la marine de guerre obtint pour des raisons pratiques de visibilité, que les bandes aient sur 100 des largeurs inégales 30 pour le bleu, 33 pour le blanc et 37 pour le rouge (1838).

Drapeau national (février-mars 1848)
Drapeau national
Pavillon national (1830)

Le 24 février 1848 une insurrection renversa Louis-Philippe, et un Gouvernement provisoire s’installa en proclamant la IIe République. Certains révolutionnaires parisiens essayèrent de faire adopter le drapeau rouge alors que d’autres voulaient un drapeau tricolore bleu, rouge, blanc, ordre des couleurs de la fête de la Fédération et des cocardes de l’Empire. Le poète Lamartine devenu ministre des affaires étrangères s’opposa au rouge et après son fameux discours du 25 à l’Hôtel de Ville, qui sauva le tricolore, on arriva à un compromis le 26 février 1848. Il fut décidé que l’on conservait le pavillon et le drapeau national décidé par la Convention nationale (qui n’avait rien dit du drapeau à terre) "dont les couleurs seront rétablies dans l’ordre qu’avait adopté la République française", mais les membres du gouvernement porteront la rosette rouge, laquelle sera placée aussi à la hampe du drapeau.
Malencontreusement, un arrêté en date du 28 février, signé du délégué de la République au Département de la Police, le citoyen Marc Caussidière, chargé de l’éxécution de la décision du 26, prescrivit qu’un drapeau bleu-rouge-blanc soit arboré sans délai sur les monuments et et établissements publics. Il avait cru bien faire en choisissant parmi les documents consultés, le projet de 1794 du peintre David (non prouvé) qui n’avait jamais été réalisé. Devant la violence des protestations, le décret du 5 mars 1848, et la circulaire du 7 mars rétablissaient heureusement la situation. Le règlement de Marine du 17 mai 1853 a confirmé les largeurs des trois bandes du pavillon de marine à 0,30, 0,33 et 0,37 de la longueur totale.

Le Second Empire et les Républiques ont conservé " l’emblème national " tricolore, confirmé avec ses bandes verticales et d’égales dimensions (constitution de 1946, art. 2) puis sans mention de la verticalité et des dimensions (constitution de 1958, art. 2). La Marine nationale conserve cependant ses bandes inégales. On connaît également la tentative de l’éphémère Commune de Paris (28 mars au 28 mai) pour imposer le drapeau rouge en 1871.
La nuance des couleurs n’a jamais été précisée dans aucun texte. Cependant, le président Giscard d’Estaing a modifié la nuance du bleu en mai ou juin 1974, en l’éclaircissant afin de le rendre plus “lisible” ou plus “télégénique” (Pantone 286C approximativement) tandis que le rouge devenait plus vif (Pantone 185C approximativement). En juillet 2021, le président Macron est revenu, pour les drapeau utilisés par la présidence de la République, au ton traditionel (Pantone 282C approximativement).

BIBLIOGRAPHIE
• H. Pinoteau. La Symbolique royale française. Ve-XVIIIe siècles, P.S.R. éditions, 2003 ;
• H. Pinoteau. Le Chaos français et des signes. Étude sur la symbolique l’État français depuis la Révolution de 1789, P.S.R. éditions, 1998.
• C. de Fougerolle. « Que sait-on du drapeau français ? » dans Franciae Vexilla, n° 80/126 de décembre 2015 & n° 81/127 de mars 2016.